Affaire des Yeux Voilés

Dossier médical général

Consultation préliminaire du 26 Hibou 288, Heidel, Cabinet du Dr. Wander Gotha.


Nom : Eko

Prénom : Chaîne

Origine : Hasoïte

Milieu social : Classe moyenne

Statut civil : Célibataire

Profession : Arts ambulants, Ombres d'Haso.

Adresse : "La Pause" , Olvia.

Âge : 25 ans

Taille : 175 cm

Poids : 62 kg

Antécédents médicaux : /

Allergies, intolérances, maladies chroniques, etc : Cécité partielle.
Antécédents familiaux : Père atteint d'une cécité en tout point similaire. L'une de ses sœurs atteinte également.
Particularités - Magie : Chaîne ne pratique pas de magie, elle en semble pourtant entourée. Carnation de peau très pâle. ( Peut être considéré comme un symptôme. - ou pas. )


Motif de la consultation : La patiente se plaint d'une perte de vue progressive. Sur recommandation de Maître Ikhlas, elle consulte en espérant trouver des réponses.

Historique du patient : Vers l'âge de 4 ou 6 ans, Chaîne commence à noter une détérioration progressive de sa vision. Elle en ignore la cause. Son oncle avait pour habitude de dire qu'il s'agissait du mal familial, une sorte de malédiction. "Je ne me souviens pas vraiment, Docteur. Un jour je voyais, le lendemain, les couleurs et lueurs paraissaient se diluer, les distances se voiler. En quelques jours, je ne saurais dire combien aujourd'hui, le monde était devenu un amas de tâches de couleurs." - "C'est comme si j'avais reçu de l'eau sur l’œil, et que le flou n'était jamais parti."
A la question - Comment décririez-vous votre vue à l'heure actuelle ? : Floue, mouvante.
A la question - Avez-vous le sentiment de percevoir tout le spectre des couleurs ? : De moins en moins, il devient difficile de faire la distinction entre le vert et le bleu.
A la question - Votre vue se dégrade-t'elle encore sensiblement aujourd'hui ? : Oui.
A la question - Votre perception semble-t-elle différente entre le jour et la nuit ? : Oui.
A la question - De quelle façon se présente cette différence ? : ... Le jour et la nuit. En plein jour, tout est tâches de plus en plus indistinctes et changeantes. La nuit, l'ombre envahit tout, mais la lumière est aussi plus nette. Je perçois assez bien les contrastes d'ombre et de lumière extrêmement tranchés. Dès que la nuance s'installe, moi, je ne la vois plus.


Observations du praticien : Pas d'exposition à des substances corrosives pouvant expliquer une abrasion de la membrane oculaire. Explorer des causes environnementales semble toutefois pertinent. Une série d'éléments excluent la thèse de maladie récessive ou héréditaire. Les éléments préliminaires semblent orienter une cause extérieure, contextuelle. Pas de membrane blanchâtre, cataracte à exclure. 



- Sous la lumière : Les pupilles sont voilées par une membrane bleue qui tend vers les iris. Présence de stries bleues, de la pupille à l'iris. La dilatation et la rétractation naturelle de la pupille semblent réagir à l'approche d'une bougie, les stries bleues s'étirent et se multiplient. Le voile est visible et semble accompagner les mouvements oculaires globaux de façon homogène. Les iris de la patiente sont mauves.

- Dans l'obscurité complète : La patiente ne voit rien. Elle décrit une sensation de sècheresse, commune à chaque fois qu'elle souffle les bougies avant le coucher et se retrouve dans le noir complet. 

- Examen Empathe : Les stries bleues bougent, elles semble grignoter lentement l'iris du patient. Elles réagissent comme une entité parasitaire aux stimuli auxquelles elles sont exposées. La nature du phénomène semble difficile à déterminer, elle semble à la fois vivante et spirituelle. La théorie de la malédiction n'est pas à écarter plus que celle de la cause environnementale. 



Diagnostic préliminaire : Impossible à déterminer.
Prescriptions : Le patient doit surveiller quotidiennement l'état de ses yeux et de sa vue et revenir en cas de changement notable ou d'évènement inhabituel. Je lui ai demandé de tenir un journal dans lequel elle devra noter toute forme d'observations relatives à ses sens durant les prochains jours. Une consultation annexe devra être fixée après recherches de mon côté.


Note annexes : Présence, durant toute la consultation, d'un animal - raton laveur mâle nommé Fuso, et au stade d'embonpoint avancé - auprès de la patiente. Il dégage une très forte présence magique et semble entretenir une forme de protection instinctive pour la patiente. Il n'a pas l'air hostile, et ne semble pas partager la cécité de la jeune femme. S'agit-il d'un Tanuki ?

Deljinah a écrit: Ce que trouva le docteur Wander Gotha à propos du Voile Bleu…

    Le début des recherches du docteur fut pour le moins laborieux. Il lui fallut d’abord rassembler les ouvrages susceptibles de l’intéresser, puis s’y plonger dans le détail. En effet, tous les livres ne contenaient pas de glossaires, et pour ceux en possédant, les mots-clefs « voile bleu », « œil parasité », ou « décoloration de l’iris » ne furent pas forcément ceux sur lesquels il tomba.

    La Cave ne contenait qu’une dizaine d’ouvrages hasoïtes pertinents pour des occultistes. Sans doute un trop faible nombre pour lui permettre de trouver des informations sur un sujet aussi spécifique… Mais même un être aussi pragmatique que le docteur Wander n’était pas à l’abri d’une bonne surprise, que diable !

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Répertoire non-exhaustif des créatures méconnues de Haso

Sans doute rédigé par un explorateur occidental, l’ouvrage n’est pas si gros que cela, et paraît contenir un peu de tout, de l’occulte comme du réel, ou encore du folklore local. Même les styles des descriptions varient, rendant leurs qualités inégales. En voici quelques trouvailles…

La Conque Trouble :

Les Ginko Blancs:

Les Loups à Trois yeux de Xin:

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L’Écueil des mycoses et parasites paranormaux

Un répertoire nommé écueil, car les cas qui y sont répertoriés demeurent, pour la plupart, non résolus, et l’étaient manifestement tous à la rédaction de l’ouvrage. Sans doute n’en existe-t-il que deux ou trois exemplaires, possédés par des occultistes ou du moins peut-on l’espérer. Cette œuvre rare est d’un format tout à fait particulier, car chaque cas présenté possède un feuillet dépliable vierge. Certains ont été remplis de mains diverses, pour y ajouter un remède ou des observations menées.

Vers Pâles des côtes de Ratt :

Les Spores Célestes:

L’herbe des plaines de Mo :

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Des yeux, des larmes, et de leurs pouvoirs.

Il s’agit, non pas d’un livre, mais d’un traité hasoïte, sous forme de rouleau. La lecture en sera peut-être laborieuse, dû au sens de lecture imposé par le format, mais une bonne âme (ou un co-auteur ?) a eu la gracieuse idée de traduire l’ouvrage intégralement, dans les espaces laissés entre les lignes.

Contenu:

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蛍火の実験と治療
(Hotarubi no jikken to chiryō - Expérimentations et remèdes d’Hotarubi)

Plus un carnet (très épais) qu’un livre, il ne fait aucun doute que cette trouvaille sera la plus intéressante… et la plus frustrante pour le docteur. En effet, voici là une bible dense, illustrée avec un talent et une précision phénoménale, de maux et de remèdes paraissant pour la plupart liés à l’occulte. Malheureusement… hormis son titre traduit par un sagouin qui l’a gratté dans le cuir de la couverture, le carnet est intégralement rédigé en hasoïte !

Il y découvrira une double-page articulée autour d’une estampe représentant un œil, atteint très exactement du même mal que Chaîne, à un état semble-t-il un peu plus avancé. Malheureusement, sans connaissance de la langue d’outremer, impossible de savoir de quoi il retourne…

Examen approfondi:

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Maux du sang et malédictions ingénieuses d’Extrême-Septentrion

L’étiquette «Maux du sang et malédictions ingénieuses d’Extrême-Septentrion» est accolée à un coffret hermétique et orné de sceaux, ajouté d’une consigne à l’encre passée : «À manipuler et consulter avec précaution.» Le docteur décidera-t-il que sa curiosité vaut l’ouverture du réceptacle ?

Dans le réceptacle...:

Retranscription par Wander-Migraineux :

Des façons de maudire que l’on retrouve en Haso, voici les plus fréquentes :
Le Phylactère Classique. Boîte ou pot de petite taille contenant un parchemin au moins, et, parfois, les restes organiques d’une offrande, d’un sacrifice. Il est dissimulé dans la terre d’un domaine, les murs d’une maison, les racines d’un arbre. Ce n’est pas à proprement parler une malédiction du sang, car elle touche la terre avant de gagner ses occupants, et elle y est liée.

Le Phylactère Sanguin. Celui-ci, basé sur le même principe que son cousin, contient également le sang figé du maudit. Il n’est pas nécessaire, une fois le sang en place, que le phylactère demeure à proximité du maudit. Il est recommandé de détruire ces objets avec de grandes précautions. La malédiction s’estompera souvent après un certain nombre de générations. Quatre à six la plupart du temps, le temps que le sang se dilue. Mais certains praticiens d’exception, loin de laisser le temps et la filiation ternir leur œuvre, la font perdurer bien plus longtemps, ce qui peut donner des maux étendus à de nombreuse branches d’un tronc commun.

Les Insectes Invisibles. Esprits mineurs, assez connus des mages et occultistes. S’ils agissent au naturel selon des schémas instinctifs, entre les doigts des Tisseurs, ils peuvent passer de perturbateurs importuns à dangers sournois. Manipulés et attachés à un être humain, leurs effets peuvent être aussi variés que l’imaginaire de leur Tisseur. Leur transmission aux descendants n’est pas systématique, mais lorsqu’elle se fait, on peut supposer un parasite puissant, ardu à déloger. Pour se faire, il faut analyser les mouvements du parasite et trouver ce qui le délogera de son hôte. Résistance probable… Il ne sera pas vain de prévoir un réceptacle pour accueillir le parasite hors du maudit…

À faire :

- Convoquer Chaîne au cabinet et lui exposer les différentes théories. Eprouver leur pertinence au regard de l'environnement de la jeune femme.
- Informer le reste du Cercle de l'affaire en cours.
- Trouver un interprête hasoïte pour la lecture des documents étrangers.
- Faire une sieste, le dernier ouvrage provoque des migraines violentes.

Ci-joint le suivi personnel de la patiente Chaîne Eko. Son état semble empirer et l'urgence d'une intervention m'encourage à la convoquer au cabinet afin de lui exposer le résultat de mes recherches préliminaires ainsi que les différentes options qui s'offrent à nous.

Je décide de vous envoyer ce premier journal, même inachevé, car il me devient de plus en plus difficile d’écrire par moi-même, et aussi de découper mes marionnettes. Avez-vous avancé dans vos recherches, docteur ? Je vous en prie, tenez-moi au courant si tel était le cas.

Respectueusement, et en attente de vos nouvelles,
Chaîne.

On sent que l’écriture est pénible pour la jeune hasoïte. Les caractères sont gros, et parfois peu lisibles tout de même, lorsque ses lettres tendent à se rapprocher d’idéogrammes. Si elle fait un effort certain pour la bonne tenue du journal, son orthographe est approximatif.

De nombreuses pages sont à peine remplies de la mention, date après date, « Aucun constat… »

Juin - Chaîne a écrit:
- 4 de l’Eléphant –
Je suis rentrée à Olvia il y a peu, je sens mes yeux fatigués depuis l’examen. Peut-être ai-je également forcé sur eux lors du trajet de retour ; je voulais tenter de voir les fleurs au bord des chemins.
- 6 de l’Eléphant –
Rien de plus à constater ; je sens toujours cette sécheresse, le soir, au moment de fermer les yeux. Avec les jours longs, nous avons plus de passage, et nous couchons plus tard à la Pause. Les longues journées pèsent sans doute sur ma vue.
[…]
- 15 de l’Eléphant –
Aucun constat…
[…]
- 26 de l’Eléphant –
J’ai travaillé beaucoup hier soir, et la sensation de sècheresse m’a empêchée de dormir un moment. J’ai pensé ce matin que ma vision avait diminué, car tout me paraissait plus sombre, mais mon ami m’a rassuré : le ciel était simplement à l’orage, et particulièrement ombrageux.
- 27 de l’Eléphant –
Ce n’était pas qu’une impression… le temps est redevenu beau, mais les ombres ont gagné du terrain. Elles floutent le bord des choses. Seules les bougies les chassent, mais c’est pour mieux en dessiner ailleurs.
[…]

Juillet - Chaîne a écrit:
- 2 du Chariot –
Aucun constat…
[…]
- 10 du Chariot –
Aujourd’hui, le jaune a perdu de son éclat. Je vois les citrons verdâtres, grisâtres, et si les oranges n’étaient rondes, je les prendrais pour des citrons. Je ne crois pas avoir fait grand-chose de plus que d’habitude, ni hier ni ces derniers jours…
[…]
- 16 du Chariot –
La sècheresse est très présente aujourd’hui. L’air lui-même est très sec, cela peut jouer, n’est-ce pas ? J’ai veillé tard cette nuit, à travailler sur mes marionnettes de papier, car je donne ce soir un petit spectacle pour les enfants du village. J’ai hâte d’y être, je ne me sens à l’aise avec mes yeux que dans le clair-obscur du théâtre d’ombres.
- 17 du Chariot –
L’ombre a encore gagné du terrain aujourd’hui… Les tâches de couleurs claires sont de plus en plus restreintes. J’ai sursauté il y a un instant, car j’ai senti Vaddarm, mon ami, qui se tenait à quelques mètres devant moi, sans le voir de suite. Il a un talent pour être parfaitement immobile qui dessert ma perception.
[…]
- 26 du Chariot –
Toujours cette sècheresse le soir, qui se fait par instant mordante, douloureuse… Non, pas le soir. La nuit. Avant, c’est l’heure des chandelles, je m’y sens bien. Je travaille mieux à cette heure.
- 28 du Chariot –
Mon ami dit que mes yeux sont de plus en plus bleus. Je dors plus tard en ce moment ; la vue floue de la journée me peine, et je préfère vivre autant d’heures que je le peux de nuit, là où les lanternes et les fenêtres éclairées redonnent de la profondeur au monde.

Août - Chaîne a écrit:
- 1 de la Pierre de Sceau –
Les bougies sont définitivement, pour moi, d’aussi fidèles amies que le sont Vaddarm et Fuso. Je ne sens ma vue apaisée que dans leur éclat sommaire, dans le travail des silhouettes de papier que je découpe à leur lumière sur un support noir, et des ombres que je crée pour les enfants et passants. Je répète ces jours-ci, dans une obscurité artificielle, le prochain conte mouvant que je donnerai dans deux jours.
- 4 de la Pierre de Sceau –
Je ne sais que faire : les rouges ont perdu leur éclat. Ils tirent de plus en plus sur le parme. Tout s’estompe, doucement… Par ailleurs, je ressens mieux les choses. Les présences, les sons et odeurs, les textures même. C'est une perception tout à fait différente de ce monde... peut-être me suffira-t-elle, lorsque je ne verrai plus rien.

À faire :

- Convoquer Mademoiselle Chaîne Eko pour lui faire part du résultat des recherches.
- Convenir d'un plan d'action raisonnable compte-tenu du risque élevé de cécité définitive en cas d'opération infructueuse.
- Chercher le phylactère à l'origine de la malédiction familiale et en rompre le pouvoir définitivement.
- Retrouver Hotarubi avec l'aide du Capitaine Hessyn, dans un futur hypothétique.

Une missive a été envoyée comme prévu à Mademoiselle Chaîne Eko. Un entretient est prévu prochainement en présence du Primo Duncaste.

Date encore indéterminée.

Au sujet de la localisation hypothétique de la chercheuse Hasoïte Hotarubi, par le Capitaine Hessyn.

Docteur Gotha,

De nouveau à flots, j'ai poursuivi la recherche de ma vieille amie, Hotarubi, au fil de mes escales. Je pense avoir trouvé à peu près où elle mène ses recherches en ce moment, grâce à des contacts, malheureusement je n'aurai pas la possibilité de m'aventurer par là-bas pour la dénicher.
J'ai laissé un message à son intention dans le village le plus proche de là, pour lui faire savoir qu'on pourrait avoir besoin d'elle sur Heidel, et je vous laisse une carte de la zone où elle est apparue, au cas où.

Avec tout mon respect, et que les vents vous portent,
Hessyn.

a écrit:

Lupin,

Actuellement en déplacement, je vous transmet ci joint à cette missive un rapport a ajouter au dossier Eko. Je vous demande d'en consulter le contenu, avant de le rendre ensuite public à nos confréres. En effet, une petite visite sur Olvia il y a quelques jours m'a permit de notifier quelques observations personnelles.

J’aborderais le détail des explications sur mes choix lorsque je serais de retour, à destination de ceux qui seraient susceptibles de s'interroger là dessus.

Respectueusement,

Etranger

19-10-89

Après avoir rendu personnellement visite à Mademoiselle Eko à son domicile d'Olvia, j'ai pu déceler quelques points qui ne me semblent pas encore figurer dans le dossier correspondant et que je me fais devoir de communiquer à mes compagnons.

Mademoiselle Eko ne fait pas exception à la règle fondamentale des cinq sens : qui stipule entre autre que la perte d'un sens provoque inévitablement une augmentation, moyen de compenser la décroissance, d'un autre sens. Dans le cas de Mademoiselle Eko, la perte progressive de la vue a généré le développement du sens du toucher. Cependant, et en accord avec le caractère surnaturel de sa cécité ainsi que de sa cause ( une partie au moins ), cette transmutation révèle, de manière complexe, une perception épidermique des flux d'énergie ambiants ainsi qu'une sensation physique des mouvements environnants. Il me semble approprié de noter ici que je n'ai encore jamais pu constater de cas semblables jusqu'alors, entendu par là la question du rapport entre le sens du toucher et la perception des flux d'énergie.

Plus personnellement, Mademoiselle Eko semble avoir été proche de son oncle. Un homme pour qui elle éprouve de la rancune et de l'amertume aujourd'hui. En effet, l'oncle de la jeune femme semble l'avoir "abandonné" en la confiant à d'autres individus, une fois la cécité de Mademoiselle déclarée, sur une bien étrange affirmation : "lui offrir une éducation et un travail". Par ailleurs, Mademoiselle Chaîne a précisé n'avoir aucun souvenirs de représentations de théâtre d'ombre données par son oncle, durant la période passée avec lui. Elle a également parlé d'éventuels objets de protections, sous forme de guirlandes, suspendues dans la roulotte de son oncle : "Lorsque la malédiction est là, il n'est plus temps de pleurer, il faut agir pour endiguer" disait-il. Sur l'hypothèse exposée à Mademoiselle Chaîne suggérant que son oncle ait eu grande peur de permettre au parasite de se développer, la jeune femme semble le fait possible. Si cette hypothèse est exacte, il serait donc naturel de penser que l'homme, au contraire de Chaîne, avait connaissance ( incomplète et hasardeuse à mon avis ) de la manière dont fonctionnait le parasite et qu'il en eut suffisamment peur pour s'entourer de gris-gris et abandonner sa nièce en craignant, peut-être, que son mal ne soit contagieux.  

Lorsque le sujet de cet oncle a été librement abordé avec Chaîne, j'ai pu remarquer des changements dans l'attitude de Fuso. Il en a semblé bien mal à l'aise, Mademoiselle Chaîne ayant exprimé très durement et ouvertement son ressentiment envers cet oncle mystérieux, si bien qu'il en a quitté la pièce. Plus tard, la créature m'a semblé plongé dans une tristesse complexe, une tristesse humaine. Néanmoins, Fuso ayant sans doute capté ma présence à temps, je n'ai pu percevoir ce sentiment que très brièvement. Fort de ces observations, je puis avancer l'hypothèse que Fuso et l'oncle de Chaîne ont un rapport l'un avec l'autre, sans trop m'avancer cependant par manque de preuves plus concrètes. Ce qui pourrait notamment expliquer le secret identitaire dont souhaite s'entourer, farouchement, la créature. De même, je puis également avancer l'hypothèse que la présence, surnaturelle, de Fuso auprès de Chaîne, et conformément à son évidente passion lorsqu'il s'agit de la protéger, pourrait être une punition karmique ou issue d'un désir de racheter des erreurs passées.

Enfin, et en accord avec le souhait déjà exprimé par ma bouche sur la direction de mes travaux sur l'affaire Eko, j'escompte initier le rituel de la "Direction du Sang" sur la jeune femme, dès que les ingrédients nécessaire auront été réunis.

Avis à vous tous,

Rendez-vous à la Cave demain pour le départ vers l'Est afin de mener cette affaire à bien.

Prenez vos équipements sans vous charger à outrance.

D'après Tez, la saison des pluies commence.

N'oubliez pas que la lune rousse est passée, la vigilance accrue est donc de mise à l'aube de cette période hivernale.

Tharsilla

-Une note sera venue compléter le message laissé-

Bonjour à tous,

Je ne peux vous accompagner cette fois. Je suis en attente depuis plusieurs semaines du retour de voyage de l'artisan occulte que je dois rencontrer à Ephéria au début de ce mois-ci, je ne peux rater cet entretien.
Si il y a une urgence qui necéssite ma présence, prévenez moi.

Bon voyage à tous.

Uther.

Je serais également présent.

Après avoir passé plusieurs semaines à sillonner les routes de Balenos et surveiller le territoire, je tiens à appuyer les mises en garde de Tharsilla.
Des phénomènes ont commencé à se manifester plus rigoureusement depuis une quinzaine de jours dans les campagnes et atteindront fatalement le creux des villes et des villages d'ici la fin du mois. Selon Leurd, des rapports récents du Réseau semblent confirmer la présence de deux brèches en passe de s'ouvrir sur le territoire de Calphéon et d'une fragilité du voile dans la mer d'Ahrmo, au large d'Epheria, entre les îles de Dunde et d'Eberdeen. Il n'est pas impossible que nous soyons nous-même amenés à faire ce genre de constat en chemin.  

I.    

Analyse d'échantillon sanguin
Sujet : Chaîne Eko.

Prélèvements en date du 1er Marteau 289. Quatre fioles de 10 millilitres. - Deux d'entre-elles ont été confiées pour examen alternatif au Thotarque, Ikhlas à la date de prélèvement.

Analyses scientifiques :

 - Observations préliminaires, sous lentilles grossissantes : Les échantillons isolés paraissent ordinaires. La proportion de globules blancs et de plaquettes semble très légèrement inférieure à la moyenne mais ne constitue pas une anomalie digne d'être étudiée de manière approfondie et relate très probablement d'une faible constitution de l'hôte.

- Exposition directe à la lumière sacrée d'Elion : Une empreinte magique sous forme de filaments se manifeste, elle semble résiduelle mais d'une intensité inébranlable. Il s'agit peut-être de la trace laissée par la Malédiction des Eko. Exposés à la lumière, les filaments s'agitent et s'étirent, ils se mettent aussitôt à attaquer les cellules les plus proches pour les détruire. Processus d'auto-défense par l'attaque. Il est possible que les cellules détruites durant ce processus constituent également la source nutritive des filaments.

- Exposition directe à un échantillon de magie occulte - Pierre noire : Les filaments contribuent à la dispersion et à la multiplication immédiate des filaments, qui paraissent enhardis.

- Exposition directe à une substance corrosive : L'échantillon possède une résistance anormale à toute substance corrosive.

Analyse magique et empathique :

Notons ci-dessous, dans un état de transe partielle, les mots et impressions que m'évoquent les échantillons.

Globules. Fluide. Rouge. Jaune. Et, lentement, une lueur… fourmillante. Envahissante… Les formes se distordent. Les couleurs se brisent. Mains. Mouvements. Noir. Blanc. Cris. Chants. Pleurs. Murmures…

Je suis happé. Traîné dans le sillage de centaines de mains façonnant l'ombre et la lumière. Je devine remonter le fil de la mémoire du sang, la mémoire héréditaire des Eko. Elle est forte, et tangible. J'en suis le fil. Un art transmis et pratiqué par des générations d'artistes, l'une après l'autre, elle est ancrée en eux. Tous semblent reliés par ce sang, sans exception.
J'entends des voix, des maximes. J'observe des mains s'activant à créer des contrastes et des ombres. A toute époque, à tout endroit du monde. La dilution naturelle du patrimoine génétique ne semble pas affecter le sang des Eko, les souvenirs et les visions sont vives et précises.
Il est impossible de discerner clairement dans ces scènes de vie, et ces silhouettes, les souvenirs directement liés à Chaîne Eko, ni leur époque, toutes les mémoires se confondent ici. Celles du présent et du passé. Toutes sont véhiculées par le même sang.

« Qui se cache dans l’ombre, craintif de la lumière ?
Qui tient donc la chandelle derrière le rideau ?
L’aube viendra bientôt, as-tu fait ta prière ?
Tu ne la verras point, car tes yeux seront clos… »

Une comptine, ou un poème… une ritournelle entêtante, qui, bien que chantée dans le dialecte d’outremer, imprime le sens de ses mots et sa mélodie dans mon esprit avec une grande clarté. De discrète, elle finit par surpasser les nombreuses voix des Eko. Elle dessine comme un fil rouge d’un souvenir à l’autre. Et ce fil dessine un tissage sanglant. Et ce tissage une cage de plomb. Et la cage les retient tous, enfermés dans leur art, pour s’y perdre à petit feu…

La cage m'oppresse. M'en sentant moi-même prisonnier, je décide de rompre le contact à ce stade.

« Qui se cache dans l’ombre, craintif de la lumière ?
Qui… »

Je parviens à m’extraire, non sans effort. J'en ressors fébrile, et habité par les réminiscences émotionnelles et le désarroi d'un clan que je ne connais pas.

Dr. A Wander Gotha, le 03 et 04 Marteau 289. Pour affaire "Yeux Voilés".

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Départ à l'Est ? Je vous accompagne, bien sûr !
Je serai discrète concernant l'affaire Eko, n'y ayant pas pris part jusque là, mais je serai avec vous pour surveiller les brèches.

Retranscription du Poème des Eko.

La toile est bien tendue et le public attend,
N'oublie pas tes mouvements, ni tes marionnettes !
Ils ont tout arrêté, pêcheries, lavements,...
Quand on arrive en ville, le jour est à la fête !
Que vas-tu leur conter ? Romance ou drame ancien ?
Choisis bien tes paroles, choisis bien que montrer,
Car de tous les récits que tu tiens dans ta main,

Il en est quelques-uns tenus au secret.    ---> Probablement l'histoire relative au Clan rival, et à l'affront qui a          conduit la Tisseuse à maudire le sang des Eko.

Souviens-toi qu'autrefois les seigneurs fortunés,
Battaient la campagne pour nous faire venir,
Montrer notre talent à leurs cours éclairées,
Pour que les nobles gens puissent se divertir.
Plus fortunés pourtant n'en sommes pas sortis,

Le monde des puissants est un nid de frelons, -> Rancœur évidente envers la Noblesse. Le clan rival en était-il issu ?

Il est plein de rancœurs, de folles jalousies,
La chute en fut bien rude après notre ascension.

Si le sang a coulé, nul ne sait plus de qui, -> Un meurtre ? Un coup bas ? Un accident ?

La rancœur est restée comme un lourd fardeau,
Fané est notre sang : si notre art nous survit,
Dès lors le crépuscule nous pèse sur le dos. -> Crépuscule, référence indirecte au Spores Célestes, cf. rapport d'Hotarubi ; L'idéogramme qui apparait dans l'illustration de l’œil avant l'apparition du voile bleu signifie "Crépuscule". C'est le nom de la Spore utilisée dans cette malédiction.

Tisseuse :

Qui se cache dans l'ombre, craintif de la lumière ?
Qui tient donc la chandelle derrière le rideau ?
L'aube viendra bientôt, as-tu fais ta prière ?
Tu ne la verras point car tes yeux seront clos.

Esprit, esprit gardien, es-tu à leurs côtés ?
Vois ce que je leur fais, à tes précieux marmots,
Un par un dans ma toile les voici englués,
Tu n'aurais jamais du m'attaquer dans le dos.


La tisseuse semble s'adresser directement à Fuso, qui s'est présenté comme le Gardien de Chaîne Eko, et qui partage des similitudes avec la vision d'un Oncle ancêtre et proche des Eko que nous avons croisés lors d'un rituel de sang. Elle semble lui faire personnellement le reproche d'un coup bas qui pourrait être le motif de cette malédiction.

Récit d'un voyage spirituel dans la mémoire du sang des Eko.

Maître Ikhlas et moi-même ayant tous deux une approche fort différente sur la façon d'interroger la mémoire héréditaire, et mes visions n'ayant apporté que plus de questions et d'incertitudes que de réponses, il semblait inévitable, et même indispensable, d'approfondir ces recherches par des moyens plus spécifiques.

Le rituel commandé, mis en place, et dirigé par Maître Ikhlas a eu lieu dans les terres reculées de Mediah, au centre d'une convergence magnétique, et dans des conditions optimales.
La bénédiction, et la protection spirituelle d'un Loa ayant été accordée à Maître Ikhlas uniquement, il convenait pour moi d'assister de manière indirecte au voyage, et d'assurer le retour et la sureté du Thotarque en cas de danger, ou de dérapage.
Aussi, nous procédions comme suit.

Ikhlas serait pèlerin de cette expérience, Chaîne son vecteur et j'emprunterais, par le biais de mon alter-égo, leur sillon, sans le quitter d'un iota, déroulant derrière notre passage un fil d’Ariane capable de nous faire remonter à la surface sans encombres.

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La mémoire du sang des Eko nous apparu particulièrement limpide, et vigoureuse. Les souvenirs, en grand nombres s'organisaient de façon ordonnée, sans distinction d'espace ni de temps, à travers un long couloir aux nombreux embranchements.
Puisque nous cherchions avant-tout des traces de la malédiction, des souvenirs en relatant, ou une signature laissée, volontairement, ou par inattention, par la Tisseuse ( maléficienne), nous avons concentré nos efforts sur la localisation des zones d'ombres, ou des perturbations susceptibles de nous intéresser.

Nous assistons rapidement à un souvenir, une caravane parquée au bord d'une route montagneuse, couverte de gri-gris et de mobiles occultes. La plupart d'entre-eux ayant été rapidement identifiés comme des mesures de protection magique. Non loin, la figure juvénile de Chaîne Eko, qui semble s'affairer tandis qu'un homme de carrure imposante lui récite quelques strophes d'un poème.
Je sens dans ma nuque un premier souffle glacé, d'origine inconnue. Et soupçonne la présence de la Tisseuse de nous avoir repéré, et de nous surveiller durant notre voyage spirituel.
Quelque chose semble attirer inéluctablement l'attention de Maître Ikhlas, et de l'orbe d'énergie qu'il emploie comme éclaireur, vers l'intérieur de la caravane où, sur un meuble, nous apercevons un coffret de bois ciré, couvert de motifs hasoïtes représentant des grues. L'endroit dégage un parfum d'orme, et de bouleau. L'homme, qui semble être un Oncle de la famille Eko, parait différent des visages que nous avions croisés dans les souvenirs précédents, il nous apparait autrement versé dans l'art magique, il s'agit peut-être d'un occultiste. Son empreinte me parait familière à celle de Fuso, mais il m'est impossible de l'identifier avec certitude.

Nous ouvrons le coffret, l'orbe d'Ikhlas y plonge la première puis, rapidement, nous sommes happés à sa suite, dans un tourbillon obscur.
Lorsque nous parvenons à destination, c'est la vision d'une femme Hasoïte, assise à genoux devant une table, qui découpe des formes dans du papier de riz sous les yeux de quelques enfants, sans doute des élèves, qui nous apparait. En s'affairant, elle chantonne elle aussi les paroles entêtantes de cette mélodie, le poème des Eko.
Nous sentons toutefois une autre présence, plus sombre, plus tacite, sur place, et une odeur rance de pomme pourrie s'éparpille dans l'air oppressant qui nous entoure.
Une voix, provenant d'une personne tierce, celle d'une femme, plus acariâtre, plus incisive, presque mesquine, interrompt la comptine pour la poursuivre comme une menace.
La silhouette d'une femme aux longs cheveux tombants se manifeste au loin d'abord, en train de plonger les doigts dans le front d'un loup, devant lequel elle est agenouillée, et qui semble geindre de douleur.
Autour de nous, la toile se resserre, le sentiment d'oppression et d'emprisonnement se fait plus intense et nous sentons le risque prendre des formes plus concrètes.
Alors que j'avertis Maître Ikhlas, nous décidons de pousser notre chance, espérant repartir avec un échantillon, une trace, une empreinte, une signature, ou un morceau de la Tisseuse, qui puisse, ultérieurement, nous permettre d'en retrouver la trace.
La Tisseuse apparait devant nous, avec hostilité, et, d'un geste vif, Maître Ikhlas parvient à lui arracher un morceau de justesse avant qu'elle ne réplique avec violence.
Nous nous rétractons aussitôt. Rembobinant le fil d'Ariane laissé sur notre sillon pour nous extraire du rituel avant de nous y trouver enlisés. Le retour est violent et ponctué de coups et de heurts.

Au réveil, Maître Ikhlas tient un œil dans sa paume. Une sphère de sang cristallisée. Son iris est couvert d'un voile sombre en forme d'étoile ( le Crépuscule ? ). Il suinte de rancœur, une voix s'adresse à lui par son biais et déclare par ses lèvres ;

Esprit, esprit gardien, es-tu à leurs côtés ?
Vois ce que je leur fais, à tes précieux marmots,
Un par un dans ma toile les voici englués,
Tu n'aurais jamais du m'attaquer dans le dos.

Fuso semble se sentir directement concerné, et baisse les oreilles, adoptant une posture contrite et coupable. Nous décidons, usés, de nous en tenir à cette expérience, de rassembler nos affaires, et de retrouver le reste du groupe à la ferme Kasula.

A. Wander Gotha

Rapport du 08 Marteau, nouveau campement, dans les hauteurs du plateau de Taphtar.

Avant de quitter l'avant-poste du Rocher, Maître Duncaste et moi-même décidons d'interroger les locaux sur la présence éventuelle d'Hotarubi dans la région. Si aucun d'entre eux ne semble répondre à son nom, la description faite d'une chercheuse Hasoïte donne plus de résultats.

"C'est une vagabonde, elle s'occupe des enfants des fermes et de Grain de sable...enfin, quand elle y passe ! Mais je ne la recommanderais pas, enfin, elle est bizarre."

A défaut d'obtenir une précision sur l'emplacement actuel d'Hotarubi nous avons une première confirmation hypothétique de sa présence dans la région, laquelle se verra renforcée par la rencontre de marchands itinérants fraichement débarqués à l'avant-poste, et que nous interrogeons également.

La doyenne de cette famille de nomades marchands nous indique, à la description faite d'Hotarubi, qu'il est possible qu'elle l'ait effectivement croisée au Bazar de Grain de Sable un mois auparavant alors qu'elle troquait ses marchandises au Marché. Elle aurait échangé auprès d'Hotarubi un parchemin d'idéogrammes Hasoïtes contre une quantité de plantes médicinales provenant de l'Ouest.

A notre requête, la doyenne nous montre le parchemin. J'identifie rapidement l'écriture et l'empreinte magique d'Hotarubi, sur base des carnets étudiés précédemment. Et nous négocions l'achat du parchemin contre une somme rondelette et un baume pour les mains.

Je joindrai en annexe à ce rapport une analyse détaillée du parchemin et de son contenu.

La doyenne nous indique également avoir vu, sur la route depuis l'Est, des idéogrammes hasoïtes similaires, gravés à même la roche, non loin d'un nid actif de Waragons en pleine période de reproduction. Nous décidons d'établir un camp à proximité, et en hauteur du dit nid, afin d'aller inspecter nous-même ces gravures ultérieurement. Elles représentent en effet, par leur nature éphémère, la trace la plus récente que nous ayons de la chercheuse, et une piste qu'il convient d'explorer.

Tezca nous indique par ailleurs qu'elle a senti une forte activité des esprits dans cette zone de la région, et propose de les interroger au sujet d'Hotarubi. Elle émet l'hypothèse selon laquelle Hotarubi aurait, dans cette région, un jardin d'herboriste, et ferait appel aux esprits pour en favoriser la fleuraison. 
Si Hotarubi se trouve effectivement dans la région, les esprits nous le confirmeront peut-être.

Un rapport détaillé des fruits du rituel suivra également ce rapport.

Nous campons dans les restes d'un campement nomade en amont des plaines centaures, et du nid, et profiterons des prochains jours pour investiguer dans la zone de façon plus approfondie. J'ai l'intention de profiter du panorama pour effectuer un premier sondage empathique de la zone, bien que la présence de nombreux humanoïdes constitue un désavantage conséquent et des perturbations prévisibles l'acquisition du parchemin d'Hotarubi pourrait m'aider à isoler son empreinte de celle des autres.


Fuso s'est isolé du groupe avant le départ, il semble toujours affecté par des remords et ne communique pour l'instant aucune information importante. J'envisage de l'interroger prochainement, lorsque les conditions me sembleront favorables.

A. Wander Gotha

Analyse du parchemin d'Hotarubi

L'objet semble relativement récent, tant par sa confection que par son aspect ou le motif qu'il représente. Le papier peu jaunis semble dater de deux ans tout au plus.
Il s'agit visiblement d'un parchemin d'étude provenant d'un bestiaire, et qui représente une sous-espèce méconnue de lézard rocheux valencien.
Des rares idéogrammes que je suis parvenu à déchiffrer, il semble qu'Hotarubi se soit intéressée à cette particulière famille de lézards pour leurs écailles et la substance produite par ses glandes salivaires desquelles elle aurait tiré un anti-brûlure ou une crème de protection contre le soleil. Laquelle parait très efficace selon ses propos.

Le dessin du lézard a été effectué rapidement mais il demeure toutefois mobile sous un œil sensitif. L'empreinte magique laissée par Hotarubi est présente dans l'encre elle-même mais elle imprègne globalement tout l'objet. Il s'agit d'une magie légère, organique, inoffensive pour qui l'observe.

Analyse graphologique (comportementale) :

Si le dessin est impeccablement lisible, la graphie d'Hotarubi est, comme elle l'était déjà dans son carnet, très désordonnée. Malaisée. Il s'agit probablement d'une gauchère contrariée et forcée d'employer la main opposée par convenance. Les caractères hasoïtes ont été tracés à la main droite et ne contiennent, contrairement aux illustrations, aucun mouvement magique. Hotarubi écrit rapidement et ne semble pas s’embarrasser de détails visuels ou linguistiques superflus, ce qui la désigne comme une personne directe, et impliquée plus qu'appliquée.

Rapport du 10 du Marteau : En quête des fleurs du Passeur.

Ayant participé : Mara, Lhayx, Damanea, Deljinah.

Message de Tezca joint au rapport :

- Afin de pratiquer un rituel de communication avec l’esprit d’une source, Tezca nous a envoyés chercher des fleurs du Passeur.
- Avons un moment cherché des tanières et cimetières d’animaux, jusqu’à ce que je ne perçoive une odeur de brûler.
- Espérant (quelle ironie) trouver quelque charnier, avons pris cette direction, mais n’avons trouvé qu’un camp ravagé.
- Des traces de chariots ayant transporté des charges de ce camp vers autre-part étaient encore lisibles dans le sable cendreux : avons décidé de suivre la piste.
- Ainsi sommes arrivés aux abords d’un camp brigand en activité. Nous sommes cachés en surplomb pour les observer.
- Un monceau de cadavres d’humains et de jeunes centaures était au bord intérieur du camp. Les fleurs pouvaient s’y trouver ; impossible à ce stade pour nous de le discerner.
- Les brigands avaient trainé au cœur du camp une fillette, et un jeune garçon. Le temps de les compter, nous assurer de la position des guetteurs, et nous assurer d’agir de concert et non de façon précipité (sachant que Mara avait interdiction, pour son bien, d’utiliser sa magie), ils avaient hélas commencé à violenter les deux enfants.
- Sommes intervenues d’où nous étions, magiquement, et au couteau de lancer. Avons éradiqué ces brigands, et libéré leurs prisonniers.
- Avons pu récupérer les fleurs.

Notes supplémentaires :
- M et L sont restées aussi calmes que possible, et ont attendu correctement mon signal pour agir, malgré la scène choquante en cours.
- Ai trouvé sur ces brigands un tatouage distinctif, sur la fesse ou le pubis. (Oui, j’ai cherché jusque-là, sûre d’une appartenance à un groupe.) Ai trouvé des traces de leurs comparses également, mais déjà partis vers Altinova depuis deux jours. Je me renseignerai sur eux dès que possible.

Rapport de Tezca

Une idée m'est venue quand Dame Hotarubi a dit que le parasite était comme les insectes lumineux.
Je me suis dis que je pouvais peut être vous apporter des informations.

J'ai fait un rituel pour tenter de sonder le Parasite qui se trouve en Dame Chaine.

Épaulée par l'ondine. Nous avons déterminé que le mal était très profond. Une femme a privé un être-esprit de sa liberté, du cycle qu'il s'était trouvé, et en a fait une coquille vide qui croit dans le regard de Dame Chaine.

Ce n'est plus qu'une chose souillée dans son essence, enchaînée par le sang.
Il faut rompre les liens du sang, trouver un réceptacle a la chose.
Elle ne redeviendra pas un être, jamais plus. Mais elle voudra survivre. D’où la nécessité du réceptacle.


Les liens du sang sont complexes. Il faut connaître les mots qui les composent. Mots puissants, mots de pouvoirs.
Un objet les a jadis contenu, mais même s'il n'est pas ici cela peut être fait sans lui.

Comme les liens de foi, liens qui renforcent...comme on estompe la foi, on peut estomper les liens de haine qui ont marqué le sang de cette lignée.


L'ondine a sentit qu'une part de haine a déjà été arrachée. Mais il reste les liens dans le sang, pas leur résidu, pas le superflu. Ce sera une épreuve dure.

Pour gagner du temps il faudrait le nourrir d'ombre naturelle car il a presque fini de se nourrir de lumière et il commence a puiser dans la vie elle même.
J'ai compris qu'il fallait placer un bandeau sur les yeux de Dame Chaine pour empêcher le parasite d'avoir de la lumière.


Concernant Fuso. Il se cache a la vue spirituelle.
Il accepte de discuter un peu...il est plein de questions, qu'il se refuse a lui même.

L'ondine a sentit de multiples énergies en lui. Comme des offrandes. Il est un lien, il est un receptacle, pour cette famille. Protecteur...Ami.
Il est mémoire, mais mémoire trop longue pour un seul être, et ses oublis le rongent.

Je vais continuer a parler avec Fuso. J'ai un bon lien avec lui.
Concernant Dame Chaine, elle a accepté de mauvaise grâce de se bander les yeux. A voir si elle le garde.

Tezca Nerwende Rosendilme

Annexe :

L'ondine m'a fait une demande.

Elle a dit que non loin a l'est. Elle avait ressentit que les jeunes esprits avaient éprouvé de la peur. Quelqu'un tente de les vider et d'en faire des coquilles un peu comme le parasite de dame Chaine. Le temps de l'évolution viendra pour eux...mais la, ça ressemble d'avantage a de la torture.

Je doit enquêter et ramener l'harmonie.

Peut être que cela a un lien avec la tisseuse.

Il y a aussi une possibilité de lien avec le taux de Jumeaux au bazar relevé par Tharsilla ainsi que l'oeuf de Warrangon qui semblait contenir deux Foetus.

Tezca Nerwende Rosendilme

Rapport d'intervention à la fumerie d'opium :
Avec : Djinn, Docteur Wander, Damanea, Mara, Lhayx.


Nous sommes intervenus (un peu par hasard) dans un lieu infesté par les esprits insectes, lors d'une sortie au Bazar sur du temps libre. (Madame Hotarubi les appelait « Mushi » ?)

Nous avons retrouvé Djinn, « accompagnée » d'une de ses connaissances, qui semblait avoir un soucis. Celui-ci voulait lui demander de l'aide pour retrouver sa partenaire disparue depuis plus d'une journée à l'intérieur d'un « fumoir », lui-même ne pouvant s'y rendre à cause d'un serment. Bien que cela ne nous concernait pas, il a révélé enquêter sur « d'étranges lueurs »... ce qui ne nous a pas laissé sans réflexion vis à vis des phénomènes en cours.

Sur place, le fumoir portait bien son nom, noyé dans la fumée à l'odeur très forte de drogue (« opium »). A l'intérieur, plusieurs personnes étaient étendues au sol, une fumée leur sortant de la bouche. Un rapide examen a vite fait constaté que la fumée n'en était pas vraiment, et qu'il s'agissait d'esprits insectes l'ayant copiée, avec leur effet « psychotropes » (demander au Docteur pour plus d'informations).
Des pots contenant les substances avec lesquelles les esprits étaient mélangés ont été trouvés, ceux-ci marqué de « mots de pouvoirs », inscrits pour les retenir sur place. Coincés, il a été déduit que ceux-ci ont copié la fumée de drogue et son effet, comme ils copient n'importe quoi les approchant.
En les brisant tous, le Docteur et Mara les ont ainsi libéré et ceux-ci ont pu s'envoler à l'extérieur.

Concernant les personnes crachant de la fumée, il s'agissait là aussi des mêmes esprits ayant copié la fumée, mais directement logés dans la gorge et poumons des victimes. Dans l'air, les esprits-fumée se sont révélés fortement affectés par mon énergie magique (très peu de magie semblait s'étendre bien plus loin qu'à la normale en les affectant) et il m'a été possible d'en contrôler leur mouvement pour les déplacer.
En répétant l'opération sur les vapeurs sortant de la bouche des victimes, il a été possible de les extraire de leurs poumons pour les relâcher dans l'air, avec les autres. -probabilité que les victimes aient été légèrement affectées, mais les effets secondaires habituels ne devraient pas trop être remarquables...-. Les esprits touchés se sont envolés avec les autres, espérons que comme d'habitude la magie absorbée se dissipe d'elle-même.

Damanea et Crow ont apparemment guidé les esprits des personnes inconscientes à revenir pour se réveiller, mais je leur laisse le soin de mieux l'expliquer.

L'homme (« l'ami » de Djinn) ayant demandé de l'aide est reparti avec sa partenaire.
Djinn aura peut-être quelque chose à rajouter sur ces gens et sur le gérant qui semblait également être une connaissance, si c'est utile.


Rajout :

Le lendemain, au camp, Tzil a révélé que sa mère travaillait pour le gérant de la fumerie, exploitée alors que sa santé déclinait avant de mourir. Les tissages sur les pots semblaient être de son fait...
Après avoir joué avec, elle m'a aussi montré comment elle appliquait (réparait, pour ce cas-ci) une protection autour de son coffret en façonnant les esprits insectes autour...

Aussi, nous le savions déjà, mais elle a précisé que le remède rapporté avec elle était l’œuvre de sa sœur disparue.

Chers bienfaiteurs,

Il serait difficile de vous décrire le bonheur que j’éprouve à pouvoir vous écrire cette lettre par moi-même, sans plus recourir à d’autres yeux et d’autres mains pour ce faire. Sachez qu’à l’heure où je la rédige, j’ai tout à fait recouvert l’usage de la vue, grâce à vous.

Cette aventure dans laquelle monsieur Ikhlas m’avait convaincue de plonger, jamais je n’aurais eu l’imagination de m’y projeter. Elle semblait trop grande pour moi, trop ambitieuse, trop hasardeuse. Vous tous, pourtant, des plus jeunes au plus expérimentés, vous y êtes avancés sans hésiter, et sans rien attendre en retour. Vous m’avez transmis de votre courage, vous m’avez encadrée des semaines durant sans jamais me faire sentir comme un poids ou une obligation. Même si l’opération avait échoué, je vous serais éternellement reconnaissante de l’abnégation dont chacun de vous a fait preuve à mon encontre.

L'opération a réussi, pourtant. Longtemps, je n’y ai pas cru. J’envisageais tant bien que mal un avenir privé de lumière. Chacun à votre manière, vous avez su m’encourager à espérer, à croire en cette entreprise, à avoir foi en ce périple et en vous. A raison. Aujourd’hui, je peux aspirer sereinement à une vie simple, dans laquelle je n’aurai pas à dépendre de quiconque, ni à pâtir d’un handicap. Tout aussi important à mes yeux, je peux de nouveau réaliser des spectacles d’ombres de Haso, faire perdurer ainsi les traditions des Eko et amener des sourires sur les visages des enfants et voisins d’Olvia.

Quant à Fuso, lui et moi profitons d’une… meilleure communication, ce qui n’aurait pas non plus été faisable sans l’ouverture d’esprit que vous avez su me transmettre. Il est toutefois différent, depuis l’opération. Comme si une part de l’être que je connaissais s’était éteinte. Son poil grisonne, et il dort le plus clair du temps. Je crains souvent de ne pas le voir rouvrir les yeux... Mais il ne regrette rien.

Comme à lui, j’ignore comment vous montrer ma reconnaissance. Pour cela, j’ai tardé à écrire cette lettre, et sans doute tarderai-je encore à l’envoyer. Les mots me paraissent trop faibles pour exprimer l’étendue de ce renouveau, de ce que je vous dois. Je ne trouve pas que vous offrir en retour… Pour lors, je ne puis que vous assurer ceci : vous trouverez toujours chez moi un toit, un lit, un repas chaud et une amie. Je suis votre obligée, et serai toujours disposée à vous rendre service si vous en avez le besoin. C’est peu au regard de votre générosité, mais j’espère que vous accepterez ce maigre dédommagement, en attendant que le destin me permette de vous offrir bien plus.

Puissiez-vous tous vous porter au mieux, et demeurer forts face aux affres de vos pérégrinations,
A tous, merci infiniment.

Naori Eko.